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Fin de partie / Simranjit Singh, réal.
Vidéo
Edité par La Compagnie des Indes - 2024
Une lumière triste, des murs gris. Hamm, cloué dans son fauteuil à roulettes, est aveugle et infirme. Il ne peut pas se lever. Clov, lui, ne peut pas s'asseoir : il va et vient sans cesse, au gré des caprices de Hamm. Hamm passe ses journées à tyranniser Clov. Les deux héros répètent devant nous une journée habituelle. Ils dévident et étirent ensemble le temps qui les conduit vers une fin qui n'en finit pas, mais ils en jouent comme le feraient deux partenaires d'une ultime partie d'échecs. Dès la première réplique de la pièce, Beckett nous parle de la fin : "Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir". Dans ce lieu de fin du monde, Hamm régente tout, agressif et bougon : "Peut-il y avoir misère plus haute que la mienne ?". Pour tromper l'ennui de vivre, il pose toujours les mêmes questions, parce que "les vieilles questions, les vieilles réponses, y'a que ça !". Même s'il répète souvent que "ça avance !", et en fait "rien ne bouge". Ce couple infernal est doublé par celui que forment Nagg et Nell, les parents de Hamm : ils finissent leur vie dans des poubelles. Ils y meurent tout doucement et apparaissent parfois pour évoquer un vieux souvenir, ou réclamer un peu de tendresse. Cette pièce inoubliable n'est pas sans rappeler la célèbre maxime de Boris Vian : "L'humour est la politesse du désespoir".