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Iolanta : opera in one act. The Nutcraker : ballet in two acts / Pyotr Ilyich Tchaikovsky, comp.
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Edité par Bel Air Classiques. Paris - 2018
Réunir pour la première fois depuis leur création l'opéra "Iolanta" et le ballet "Casse-noisette", deux chefs-d'oeuvre de Tchaïkovski créés côte à côte un soir de décembre 1892 à Moscou, tel était le pari fou que le metteur en scène russe Dmitri Tcherniakov choisissait de relever pour le Palais Garnier au printemps 2016 : une production qui allait devenir un des événements majeurs de la saison de l'Opéra de Paris. Avec une grande finesse, Tcherniakov renoue le dialogue entre ces deux oeuvres et révèle leurs racines communes. Il nous rappelle ainsi que "Iolanta" comme "Casse-noisette" sont avant tout des contes initiatiques, dans lesquels les héros découvriront l'amour comme l'adversité et la perte. Chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui, douard Lock et Arthur Pita. Orchestre et choeurs de l'Opéra de Paris. Pour Casse-Noisette en effet, Dmitri Tcherniakov, avec l'aide des chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui, Edouard Lock et Arthur Pita, a su regarder au-delà des fééries que Marius Petipa a associées à cette musique, et n'hésite pas à transformer l'espace du rêve en un espace de cauchemar baigné de détresse et de solitude. C'est que Tchaïkovksi n'avait pas manqué de parsemer sa partition d'une mélancolie trop souvent négligée, lui que les sucreries du ballet lassait, et qui évoquait dans la Fée Dragée le souvenir d'une soeur disparue peu auparavant... Pour assurer la continuité et la cohérence dramaturgique entre les deux oeuvres, Tcherniakov module avec ingéniosité l'espace que lui fournit le Palais Garnier. L'occasion d'interroger par là-même la fonction et les enjeux du théâtre, ainsi que la spécularité vertigineuse de ses liens avec la réalité qu'il cherche à nous faire oublier. La soprano bulgare Sonya Yoncheva livre une interprétation flamboyante de la princesse aveugle Iolanta, et partage le plateau avec le ténor polonais Arnold Rutkowski et la basse ukrainienne Alexander Tsymbaliuk. Le chef d'orchestre français Alain Altinoglu conjugue ses forces à celles de l'Orchestre et des Choeurs de l'Opéra de Paris, tandis que le Ballet de l'Opéra de Paris, dont Marion Barbeau - une Marie rayonnante - et les Etoiles Stéphane Bullion et Alice Renavand, réinvente le ballet pourtant le plus célèbre du répertoire.