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La voix de son maître / Gérard Mordillat, Nicolas Philibert, réal.
Vidéo
Edité par Blaq out [éd., distrib.]. [Paris] - 2019
Michel Barba, directeur de l'entreprise Richier, juge affreux le titre du film de Nicolas Philibert et Gérard Mordillat : La Voix de son maître fait songer à un maître et à son chien. Il propose : Les Patrons. Les autres chefs d'entreprise poussent le débat plus loin et s'accordent finalement sur le titre qui leur convient le mieux : Les Gagneurs. La franchise affichée par Philibert et Mordillat dans ce film constitue une attitude aussi analytique que subversive. Car c'est justement parce que les réalisateurs ne font pas mystère du titre choisi, de leur point de vue et de leurs intentions, qu'ils réussissent à démasquer la réalité propre dans laquelle se projettent les grands directeurs et managers. Dans des plans longs, sans découpage ni commentaire, les patrons parlent de leurs relations avec les employés et les syndicats, définissent leur rapport au pouvoir de l'Etat et justifient leur propre puissance économique. La Voix de son maître n'est pas un pamphlet militant, mais une analyse engagée du discours des patrons de grandes entreprises et de leurs tentatives de légitimation. Les intonations, les gestes, les espaces, voire les meubles, sont partie intégrante du film au même titre que les déclarations et les arguments avancés. Certains directeurs se posent en patriarches sûrs d'eux-mêmes, assis chez eux dans de somptueux fauteuils. D'autres apparaissent plus modestement assis sur de simples fauteuils de bureau. Par une écoute et un regard attentifs, Philibert et Mordillat réussissent une critique subtile de cette réalité propre des patrons dont le pouvoir se fait, au fur et à mesure du film, toujours plus équivoque. (source : film-documentaire.fr)